Lecture analytique Une Charogne de Charles Baudelaire

 

Je vais vous présenter « Une Charogne » de Baudelaire. Les poètes du 19e s, sont épris de liberté et veulent moderniser la poésie comme Victor Hugo chef de fil du romantisme, qui prône l’importance de l’originalité à travers la création poétique. Ces nouvelles ambitions leurs permettent de renouveler le genre poétique, en abordant les thèmes classiques tels que l’amour et la mort de manière surprenante. Charles Baudelaire est un poète français, du 19e siècle.

Le texte que je vais vous présenter, « Une Charogne » fait partie de l’œuvre Les Fleurs du mal, datant de 1857, dans lequel il est exprimé la volonté de dissocier l’art et la morale et d’instaurer une esthétique du Mal. Dans « Une Charogne », la performance poétique consiste même à extraire la beauté de la laideur.

 

UN SPECTACLE FASCINANT

  1. Une description précise de la mort
  • Mise en valeur du cadavre par un contraste. Champ lexical de la nature + Un cadre (l.2) + La charogne est d’autant plus mis en valeur avec le rejet des COD à l’arrière, forme empathique = opposition du beau/laid
  • Des spectateurs : le poète, sa bien-aimée, et la chienne = cadavre au centre de la scène

> Contraste entre la charogne et le décor

2. Une gradation dans les détails

  • Le lexique de la décomposition placé à la rime. Champ lexical de la décomposition + Diérèse « infection » (l.38) = Baudelaire insiste sur le dégout
  • Mélange de la vie et de la mort. Allitération (l.23) = Explication du cycle de la vie

> Une dégradation morale qui aboutit à une dégradation physique

3. Un spectacle fascinant

  • Effet sur la femme spectatrice. Allitération en [k] + Diérèse « évanouir » (l.14) = dissonance qui rend les thermes violents, et choc la bien aimée.
  • Le travail d’imagination du poète. Comparaison « Comme l’eau courante et le vente » (l.26) + Allitération en [l] effet de légèreté = sublimation du cadavre, l’art permet de rendre beau quelque chose de laid.

> Création artistique à partir de l’horreur : le poète est inspiré par la Charogne, il est à ce moment peintre et artisan

> La modernité du poème

 

UN POEME DE FACTURE TRADITIONNELLE ?

  1. Des thèmes hérités de la tradition poétique mais, teintés d’ironie
  • L’amour. Champ lexical de l’amour + Apostrophe « Alors, ô ma beauté » (l.45) + Diérèse « passion » (l.40) = sonorité non mélodieuse, une anti-romance qui aboutit au détournement de l’amour courtois.
  • La mort. Champ lexical de la mort + euphémisme « Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses » (l.43) la mort est abordée avec légèreté = le poète adoucit la mort.

> Renversement de la signification du thème de l’amour du poète pour la femme aimée

2. Le rôle du poète

  • Représentation de la pour elle-même. Champ lexical du corps = description précise qui amène à la réflexion de sa bien-aimée sur son devenir
  • Travail du poète déprécié. La chienne mange la charogne « épiant le moment de reprendre le squelette » (l.35) qui reprend le thème du cycle de la vie + Métaphore « Des amours décomposés » (l.48) = travail sur la décomposition, ses vers finissent sous terre

> On s’imagine la scène

3. Un effet de décalage constant

  • La forme du poème. Alexandrin (12 syllabe) et octosyllabe (huit syllabe) = forme de vers courant qui s’associe au thème classique abordés. Association du Futur et de l’imparfait = surprenant, qui illustre la touche d’ironie qui est associé à ces thèmes classiques
  • Horreur et beauté constamment associé. Oxymore « carcasse superbe » (l.13) = le beau au service du laid

> Les figures de style, et la forme du poème permettent de renforcer ce décalage entre la laideur et la beauté.

> Il s’agit d’un poème traditionnel, dans sa forme et dans son thème, mais qui a travers la description d’une charogne sans détache complétement.

 

Baudelaire, en reprenant de façon ironique des thèmes et des procédés de la tradition poétique, crée une dissonance qui le rend profondément moderne. Il est possible de rapprocher ce poème par sa modernité à celui de Francis Ponge « L’huitre », tiré du Le Parti pris des choses, dans lequel l’objet l’huitre est présenté de manière triviale que fait Baudelaire avec la décomposition de son cadavre.

 

 

 

 

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